Le contexte
Les dérèglements climatiques frapperont la planète entière. Le phénomène reste une notion abstraite, éloignée de nos préoccupations quotidiennes. On considère que les problématiques liées au réchauffement s’inscrivent dans le long terme et très souvent loin de chez nous... Et pourtant !
Dans le Sud-Ouest, le premier signe symbolique sera la disparition des glaciers des Pyrénées. Puis, le régime des neiges sera modifié et le tourisme d’hiver subira de plein fouet le réchauffement qui pourrait atteindre au moins 2°C en 2050. Les stations, de moyenne altitude, verront leur enneigement diminué. L’hydrologie du bassin et l’alimentation en eau pour l’irrigation seront affectées. La baisse du débit des fleuves pourrait atteindre 30% en moyenne, 50% au cours de la période d’étiage (en été lorsque le niveau est au plus bas). A cette période, la majeure partie de l’eau consommée - de l’ordre de 70% - est destinée à l’agriculture.
A plus long terme, avec l’augmentation des températures, des sécheresses estivales plus marquées, des besoins en eau accrus pour les cultures, alors que les ressources diminueront sensiblement, n’allons-nous pas tout droit vers une pénurie et des conflits socioprofessionnels entre les différents utilisateurs de l’eau ? Le milieu aquatique et l’ensemble de l’écosystème survivront-ils ? L’alimentation en eau potable de la métropole toulousaine sera-t-elle affectée ? Une Garonne à sec, au cours de l’été, n’est pas une vue de l’esprit.
Une affaire compliquée pour un grand Sud-Ouest habitué à des ressources illimitées et qui tire des productions agricoles une part non négligeable de ses revenus.
Certains préconisent de répondre à l’important déficit à venir en créant des bassins de rétention dans les Pyrénées, voire de nouveaux barrages. D’autres considèrent qu’on peut pomper davantage, y compris dans les nappes phréatiques. D’autres encore estiment que les modèles actuels auront des conséquences catastrophiques sur les écosystèmes et qu’il est urgent de faire des économies. Parmi eux, il y a ceux qui expérimentent des voies différentes qui prennent en compte de manière globale la préservation de l’eau, des sols, de l’air et des biotopes.
Dans ce contexte, l’Agence de l’Eau Adour-Garonne a mené pendant deux ans une étude prospective sur les fleuves pyrénéens en 2050. Les résultats ne sont pas optimistes. Ils ont été présentés en décembre 2013 au comité de bassin (« le parlement de l’eau ») qui réunit l’ensemble des acteurs de l’eau du territoire. A ce jour, le déficit, qui pourrait atteindre jusqu’à 1 milliards de mètres cubes en 2050, est acté mais aucune décision concrète n’a été prise pour une gestion durable des ressources. Dans une période critique où les moyens financiers manquent et les sensibilités sur le sujet sont à fleur de peau, il est difficile de privilégier des solutions à long terme...